Comment je suis venue à Christ
- Mamidan
- 14 mai 2020
- 8 min de lecture
Comment je suis venue à Christ ? Je l’ai simplement ressenti.
Nombreux sont ceux qui pensent que j’ai été « influencée » pour venir à Christ. En réalité, j’ai ressenti que le moment était venu de me donner pleinement à lui. Au départ, lorsqu’on me posait des questions, je répondais que je n’avais pas changé d’orientation spirituelle car je ne maîtrisais pas moi-même les contours du changement qui s’est opéré chez moi.
Les premiers questionnements
Depuis petite , je me posais des questions. La Bible dit : « Si on te gifle sur la joue droite, tends l’autre joue ».
Pourtant j’ai grandi dans un environnement où on prônait la revanche, où je me faisais réprimander parce que lorsqu’on m’avait provoquée à l’école, je n’avais pas donné une petite correction à mes camarades et que je rentrais en pleurant.
Si vous voulez mon avis, je pense que la source de tous les conflits que nous connaissons aujourd’hui est justement cette tendance à vouloir rendre le mal par le mal.
Je ne dis pas qu’il faut se laisser faire si on se fait attaquer, mais je pense que j’aurais préféré qu’on m’apprenne à répondre fermement et calmement aux personnes qui m’agressaient à l’école plutôt que de m’encourager à les frapper. Déjà dès mon plus jeune âge je ne comprenais pas comment on pouvait en même temps aimer Dieu et faire la promotion de telles valeurs.
Une autre motivation à mon changement : j’avais l’impression de vivre dans un milieu hypocrite où à la messe tout le monde s’embrassait et dès la sortie de l’Eglise nous repoussions violemment les mendiants et vendeurs de fruits, sans compter les critiques envers un tel ou un tel rencontré à l'Eglise.
La protection du Seigneur
Finalement c’est lorsque je suis venue à Christ que j’ai connu les amitiés désintéressées, où l’on vient vers toi pour ta personne et non pour avoir quelque chose en retour. Aujourd'hui mes amis ne sont pas forcément tous en Christ, mais ce sont des personnes bonnes et aimantes, et c'est le plus important. C’est comme si ces deux dernières années le Seigneur avait fait le ménage autour de moi.
Un jour alors que je partais au culte avec une amie, nous avons croisé un mendiant. Elle lui donna 5.000 FCFA. Il faut savoir qu'en Côte d'Ivoire cela représente une somme importante. Généralement les gens donnent entre 50 et 1.000 FCA aux nécessiteux qui mendient dans la rue, lorsqu'ils daignent leur donner de l'argent. Mais la plupart du temps ces personnes sont considérées avec mépris, soit parce que les gens ont peur de se faire agresser, soit parce qu'on pense qu'ils ont fait le choix de la facilité. Je la regardai, interloquée. Elle me dit : « ce n’est rien, Dieu me le rendra ».
Avec cette amie nous avions connu de multiples crises lorsque nous n’étions pas en Christ, mais quelque chose nous faisait toujours revenir l’une vers l’autre. Pourtant nous sommes orgueilleuses toutes les deux.
Cette amie avait la réputation d’avoir un très mauvais caractère. Quand je parlais de nos disputes à d’autres amies, ces dernières me demandaient : "Mais pourquoi tu continues de parler avec elle" ? Et je répondais toujours : "Elle a un bon fond". Elle m’a toujours encouragée dans tout, sans pour autant manquer de me donner son avis sincère. Elle me pousse constamment à m’élever et m’améliorer (c’est d’ailleurs l’une des premières personnes à qui j’enverrai cet article pour relecture).

J’ignorais que c'était le Seigneur qui me faisait comprendre qu’il fallait toujours la garder à mes côtés, quelques soient les saisons que nous allions traverser dans nos vies. Aujourd’hui c’est la seule amie que j’ai gardée de cette époque. Avec les autres, nous nous sommes éloignées en raison de différentes incompréhensions et coups bas. Cependant je ne juge personne et je continue de prier pour ces anciennes amies.
Tout chrétien n’est pas né de nouveau
Finalement, beaucoup de personnes croient être venues à Christ, mais ne sont pas encore entrées dans son Royaume. Il fut un temps où une nouvelle amie fit son apparition dans ma vie. Certaines personnes que je pensais être venues à Christ et être très matures spirituellement ont tout fait pour me séparer de cette amie, racontant toutes sortes d’horreurs injustifiées à son sujet.
C’est là que j’ai constaté qu’en réalité, peu de personnes se disant chrétiennes avaient réellement donné leur vie à Jésus, y compris moi. J'ai beau me sentir chrétienne, je garde toujours un côté charnel en moi.
Plus je lisais la Bible, plus je me rendais compte que je ne respectais pas ses principes. Je choisissais ce qui m’arrangeait dans la Bible. Exit l’amour inconditionnel. Exit le fait de fuir l’impudicité. Exit le fait de toujours dire la vérité. Exit le fait de ne pas calomnier.
Je sentais que je ne vivais pas dans la foi à 100%.
Il me fallait concrétiser ma foi, trouver une communauté et m'entourer de personnes qui allaient m'inspirer et m'aider à respecter la Bible.
Le choix du lieu de culte
La première année qui a suivi l'obtention de mon baccalauréat et mon déménagement en France, j’étais très assidue à l’Eglise. Cette régularité s'est amenuisée lors de la deuxième année, lorsque le froid et l’ennui ont eu raison de moi. Je n’y allais plus parce que je trouvais les cérémonies monotones ; je ne savais même pas pourquoi je récitais les prières et autres incantations. Au fur et à mesure des années nous étudions et réétudions les mêmes textes sans but particulier. Je ne me sentais pas à l’aise à la messe. En outre, j'ai traversé plusieurs phases de dépression durant lesquelles je ne sortais quasiment plus de chez moi et ne voyais plus personne.
Quelques années plus tard, alors que j'avais totalement abandonné les messes et ne priais qu'avec des groupes de jeunes, une amie me proposa d’aller dans une Eglise protestante et j’acceptai de la suivre. C’est souvent par cette voie que de nouvelles âmes sont gagnées. Au cours du culte je fus remplie d'une immense joie, quelque chose que je n’avais jamais ressenti au cours d’aucune messe dans ma vie.

Le problème est que les mois qui ont suivi j’ai quitté la France et suis retournée dans le « monde ». Dans le nouveau pays où je me suis installée, l’Eglise en question était très loin de mon domicile. Durant trois mois, je ne suis plus allée à aucune messe ni à aucun culte. Je priais à la maison, mais sans grande conviction. C’était comme si j’avais mis ma vie spirituelle entre parenthèses. En outre, d’autres aspects de ma vie ont pris le pas sur Dieu. J’étais amoureuse, insouciante, naïve, trop "occupée" pour prier Dieu.
Il y a un peu plus d’un an je suis revenue à Paris. Je me suis rendue dans une nouvelle Eglise où cette fois - ci je me suis sentie vraiment dans une famille. J’ai senti que j’appartenais à une communauté. C’était une Eglise jeune, dynamique, et je ne me sentais pas en minorité car la population africaine y était prépondérante.
Vous me direz que peu importe le brassage culturel, car on va dans un lieu de culte pour Dieu, mais je peux vous dire que lorsqu’au cours de la messe certaines personnes refusent de vous donner la Paix parce que vous êtes noire, vous n’avez plus envie de remettre les pieds dans certaines églises.
Pendant toute ma scolarité en France j’étais dans des milieux bourgeois où les noirs étaient minoritaires et où on me rappelait subtilement ma condition. Tout ceci a conforté mon sentiment d’aise dans cette nouvelle Eglise. J'avais l'impression, l'espace d'une mâtinée les dimanches, d'être de retour dans mon pays. Cette Eglise me semblait adaptée à nos réalités africaines.
Je me suis donc donnée à fond dans la foi à partir de mai 2019 . Pour la première fois, j’avais trouvé un lieu de culte où j’étais excitée de me rendre tous les dimanches (il faut savoir que même à Abidjan où la messe est un peu plus « vivante », je m’ennuyais et m’endormais souvent pendant l’homélie).
Prier pour les mauvaises raisons
Cependant, je dois avouer que j’ai été très assidue aux cultes car j’étais nouvelle dans le Royaume et surtout parce que j’avais un objectif précis.
Cet objectif, je ne l'ai pas atteint en 2019 et tout mon monde s’est écroulé.
Je suis tombée dans une énième dépression et me suis sentie plus seule que jamais. J’avais une certaine dépendance affective envers des personnes qui n’ont pas été là pour moi, soit parce qu’elles avaient leurs propres occupations, soit parce que dans le fond elles attendaient ma chute à cause de mon « excès de confiance », soit parce que Dieu leur avait ordonné que je devais traverser cette période seule.
En réalité l’excès de confiance que j’ai eu au cours de l’année 2019 était dû à certaines révélations que le Seigneur m’avait faites. Or, il ne m’avait pas précisé quand ces projets allaient se réaliser. Je savais juste que ça allait se faire, un jour.
Mon erreur a été de vouloir partager ce que j’avais reçu avec tout le monde alors que tous ne voulaient pas mon bonheur. J’ai ressenti une douleur comme je n’en ai jamais ressentie auparavant. J’en ai même voulu à Dieu. Cela a pris trois mois pour que je puisse être parfaitement restaurée, alors que je travaillais dans une entreprise et que mon rendement ne devait pas baisser. J'ai fini par faire un burn-out.
C’est à ce moment là que j’ai réalisé que tant que j’aurai une relation intéressée avec Dieu, il me donnerait toujours des leçons de ce type.
J’ai donc décidé de changer ma manière de me comporter, de me laisser plus aller en me laissant guider par lui. Cela fut et reste toujours très compliqué pour moi, car j'aime avoir le contrôle sur toute chose dans ma vie et planifier les choses plusieurs mois à l'avance.
Avant, je fonçais spontanément et je confiais mes projets au Seigneur ensuite. Après mon échec, j’ai pris la décision de ne plus rien faire sans son aval et le mettre au devant de tout.
Accepter de mourir à soi - même...
Le Seigneur m’a demandé de ne pas renouveler mon contrat de travail, et m’a fait comprendre qu’en 2020 je ne devais pas chercher d'emploi, mais plutôt passer un maximum de temps avec lui et lui seul, chez moi à la maison. Ce que j’ai fait. Cela a été compris par peu de personnes. Lorsque vous êtes au chômage, vous êtes jugé ; on pense que vous n’êtes pas ambitieux…En outre, cela signifiait que j’allais rester à la charge de mes parents encore un an alors que je suis l’aînée de la famille, qu’ils se font vieux et que j’ai plus de vingt-cinq ans. Malgré toutes les pensées qui me traversaient l’esprit j’ai décidé d’écouter le Seigneur.

Finalement l’année 2020 a été marquée par la propagation du coronavirus et les conséquences que vous connaissez. La vie s’est arrêtée l’espace de quelques mois. Nous avons été nombreux à être contraints de rester à la maison, de vivre comme je vivais depuis fin 2019, finalement.
Pendant cette période, je l’ai déjà dit dans un précédent article, le Seigneur m’a beaucoup parlé. J’ai apprécié et continue de savourer les moments que je passe avec lui. Et même actuellement, avec le déconfinement, je n’éprouve pas le besoin de courir voir mes copines, mon mari en Christ ou même mes parents. J’apprécie énormément ces moments qui m’ont permis de revenir à ma passion première, l’écriture.
Finalement c’est avec le confinement que j’ai compris qu’il fallait aimer Dieu de manière inconditionnelle, et lui faire entièrement confiance. C’est ce qu’on appelle mourir à soi même.
….N’est pas chose simple
Je vais être honnête. Depuis fin 2019 j’ai traversé d’importantes phases de dépression et de doute. Heureusement, je n’ai pas été complètement seule, par la grâce de Dieu. Souvenez - vous de cette amie qui avait donné 5.000 FCFA au mendiant à Abidjan. Cette amie a partagé mes moments de détresse, de colère et de joie. Nous avons parlé pendant des heures ; elle m’a aidée autant qu’elle le pouvait. Je sentais qu’elle seule pouvait me comprendre. Je peux dire aujourd’hui que grâce à elle et au Seigneur je suis restaurée.
Pour finir, je dirai que les personnes venues à Christ sont souvent perçues comme zélées, comme trop extrêmes. Jusqu’à aujourd’hui, quand j’explique à des proches que je ne souhaite plus calomnier, critiquer ou fréquenter certains lieux comme avant, je suis perçue comme quelqu’un d’étrange, mais je n’en ai que faire car je connais le but de la démarche.
D’autres aussi pensent aussi que cette foi est motivée par un désir ardent de me marier.
Ca a pu être le cas pour le passé, mais aujourd’hui je décide de faire pleinement confiance au Seigneur sans connaître entièrement ses desseins.
En conclusion, il ne faut se poser qu’une question. Suis - je venue à Christ pour Dieu ou pour le regard des autres ?
Si la motivation première de notre conversion est de glorifier Dieu, alors plus rien d’autre ne compte.
Cet article fait office d’introduction, il y aurait encore beaucoup à dire.
Il y a tellement d’aspects que je n’ai pas abordé ou étudié, car je suis encore à mes premiers pas dans le royaume de Dieu…
To be continued…
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